29/07/2021
Recherche : les groupes sanguins de Néandertal et Denisova décryptés

Des équipes de recherche de l'EFS Provence-Alpes-Côte d'Azur-Corse ont analysé, en lien avec des chercheurs du CNRS et Aix-Marseille Université, les groupes sanguins de trois Néandertaliens et d'un Dénisovien. Cette étude consolide les hypothèses concernant leur origine africaine, leur dispersion en Eurasie et leur métissage avec les premiers Homo sapiens. Par ailleurs, les résultats révèlent à nouveau une faible diversité génétique et de possibles fragilités démographiques. 

Les groupes sanguins de Néandertal et Denisova décryptés

Lignées humaines éteintes, les Néandertaliens et les Dénisoviens vivaient dans toute l'Eurasie il y a 300 000 à 40 000 ans. Bien que les génomes de 15 de ces individus aient été séquencés, l'étude des gènes de groupes sanguins avait été jusqu'ici négligée alors que les systèmes de groupes sanguins furent les premiers marqueurs utilisés en anthropologie pour reconstruire l'origine des populations humaines, leurs mouvements migratoires et leurs métissages. 

Dans une nouvelle étude, des scientifique de l'EFS, du CNRS et d'Aix-Marseille Université ont examiné des génomes précédemment séquencés d'une Dénisovienne et de trois Néandertaliennes ayant vécu il y a 100 000 à 40 000 ans, afin de déterminer leurs groupes sanguins et d'en tirer des conséquences sur l'histoire évolutive humaine. Sur la quarantaine de systèmes qui déterminent les groupes sanguins, les scientifiques se sont concentrés sur les sept généralement considérés pour les transfusions sanguines, dont les plus connus sont les systèmes ABO (déterminant les groupes A, B, AB et O) et "rhésus". 

Les résultats ont consolidé certaines hypothèses mais aussi livré quelques surprises. Concernant le système ABO, les scientifique ont confirmé que ces lignées anciennes avaient déjà toute la variabilité connue chez les humains modernes (alors qu'on a longtemps cru que les Neandertal étaient tous de groupe O, de la même manière que les chimpanzés n'ont que le groupe A et les gorilles le B). Une analyse étendue aux différents systèmes sanguins a montré des combinaisons cohérentes avec une origine africaine des Néandertaliens et des Dénisoviens. 

Un autre lien plus étonnant est apparu, pour l'un des gènes du système rhésus, les Néandertaliens présentent une combinaison unique, jamais rencontrée chez les humains modernes... à part chez un aborigène australien et un indigène papou. Peut-être des lointains descendants d'un métissage entre néandertaliens et humains modernes avant la migration de ces derniers vers l'Asie du Sud-Est ?

Enfin, ces analyses apportent un éclairage sur la démographie des Néandertaliens : ils confirment la très faible diversité génétique de cette lignée humaine et pointent la présence possible d'une malade hémolytique du foetus et du nouveau-né, notamment en cas de mère néandertalienne portant le foetus d'un Homo sapiens ou d'un Dénisovien (à cause d'une incompatibilité rhésus, aussi appelée incompatibilité foeto-maternelle). Ces indices consolident l'hypothèse selon laquelle une faible diversité génétique et un faible succès reproductif ont contribué à la disparition finale des Néandertaliens.