21/01/2022
L’EFS, un acteur clé de la recherche contre les cancers

Le 4 février, c’est la journée mondiale contre le cancer qui vise à sensibiliser et à mobiliser la communauté internationale afin de faire des progrès face à cette maladie qui représente, en France, la première cause de mortalité*. Si cette maladie, caractérisée par une prolifération incontrôlée des cellules au sein de l’organisme, est en effet responsable de près de 150 000 décès chaque année dans notre pays, le risque d’en décéder a diminué au cours de ces dernières années grâce à des avancées thérapeutiques majeures auxquelles prend part l’EFS. Lumière sur quelques programmes de recherche contre les cancers menés par nos équipes de recherche.

Une connaissance experte du sang appliquée aux cancers

Une connaissance experte du sang appliquée aux cancers 

Près d’un tiers des produits sanguins collectés par l’EFS sont transfusés à des personnes atteintes de cancers. Une réalité qui a conduit nos équipes de recherche, fortes de plus de 30 ans d’expertise en ingénierie cellulaire, à orienter une partie de leur activité autour de cette thématique. Au total, plus d’une dizaine de projets sont menés, aux quatre coins de la France, pour développer de nouvelles thérapies afin de lutter contre différents types de cancers, comme par exemple les cancers du sang ou « tumeurs liquides » (leucémies, lymphomes, myélomes…).

Programme n°1 > Les CAR-T cells, un traitement révolutionnaire des cancers du sang

Programme n°1 > Les CAR-T cells, un traitement révolutionnaire des cancers du sang

Véritable révolution dans le traitement des cancers du sang, les CAR-T-cells représentent un espoir de guérison immense pour de nombreux patients en impasse thérapeutique. Cette immunothérapie personnalisée consiste à activer le système immunitaire de façon à ce qu’il reconnaisse et détruise les cellules cancéreuses.

Grâce à un écosystème riche allant de la recherche à la production de lots cliniques, l’EFS développe à Besançon ce qui pourrait devenir les premiers CAR-T cells made in France. Deux projets menés au sein de l’UMR 1098 RIGHT sont actuellement en cours ont démontré leur efficacité en phase préclinique.

  • Le premier projet a été développé par les docteurs Marina Deschamps et Christophe Ferrand, cofondateurs de la société CanCell Therapeutics. Le CAR-T cell « IL-1RAP » cible différents types de leucémies parmi lesquelles la leucémie aiguë myéloïde qui touche chaque année 5000 personnes en France. L’EFS a concédé à CanCell Therapeutics une licence exclusive d’exploitation pour le développement et la commercialisation de cette technologie. La société est à la recherche active d’investisseurs pour le  financement du développement de cette thérapie.

  • Le second projet concerne un CAR-T dirigé contre la molécule CD123 exprimée dans de nombreuses leucémies dont la leucémie pDC, pathologie rare et très agressive pour laquelle l’équipe EFS a obtenu le statut de laboratoire national de référence. Ce projet « CARLA » est mené par le professeur Francine Garnache Ottou et les docteurs Fanny Delettre et Elodie Bôle Richard. Il s’agit maintenant de trouver des partenaires industriels afin de lancer, à horizon 2023-2024, l’essai clinique et, à terme, proposer cette thérapie aux patients.

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Programme n°2 > GeniusVac, un vaccin anticancers

Programme n°2 > GeniusVac, un vaccin anticancers

Dans notre système immunitaire, les cellules dendritiques occupent un rôle central puisqu’elles en sont à la fois les sentinelles et les cheffes d’orchestre. Positionnées aux portes d’entrée empruntées par les pathogènes, elles les repèrent et activent ensuite les lymphocytes T, défenseurs de notre organisme, qui migrent vers le site de l’infection afin de l’éradiquer. Elles exercent aussi un rôle important dans l’initiation des réponses immunes anti-tumorales.

L’équipe de recherche EFS de Grenoble, dirigée par le docteur Laurence Chaperot au sein de l’Institut pour l’Avancée des Biosciences, a développé une stratégie de vaccin thérapeutique pour laquelle les champs d’application sont multiples, comme par exemple le traitement de cancers ou encore de maladies infectieuses. Ce vaccin utilise des cellules dendritiques plasmacytoïdes manipulées en dehors de notre organisme, chargées avec des antigènes viraux ou tumoraux appropriés. Ces cellules sont ensuite injectées aux patients, afin d’éduquer et d’activer leurs lymphocytes T capables de détruire les cellules infectées ou cancéreuses. Dans le domaine des cancers, la technologie a été transférée à la société PDC*line Pharma, spin-off de l’EFS, qui développe actuellement avec ce médicament un essai clinique de phase I/II pour le cancer du poumon non à petites cellules. Dans le domaine de l’infectiologie, l’EFS recherche des partenaires industriels pour le développement et la valorisation de la technologie.

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Programme n°3 > « TLR4 », un espoir pour le traitement du myélome multiple

Programme n°3 > « TLR4 », un espoir pour le traitement du myélome multiple

L’EFS, au sein de l’Unité Mixte de Recherche (UMR) Restore de Toulouse, a mis au point un nouveau traitement du myélome multiple (MM), une maladie incurable caractérisée par une infiltration de cellules cancéreuses (plasmocytes) au niveau de la moelle osseuse, qui représente 13% des cancers du sang et 5000 nouveaux cas chaque année. Aujourd’hui, les personnes atteintes de ce type de cancer, âgées en moyenne de 65-70 ans, ont une espérance de vie de 5 ans et des symptômes très lourds (douleurs, lésions osseuses, anémie, infections à répétition…).

Nicolas Espagnolle, chercheur EFS au sein de l’unité RESTORE, a choisi de cibler le microenvironnement, autrement dit le « lieu d’habitat » des cellules cancéreuses. Aves l’appui des hématologistes de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, et notamment du Dr Jill Corre, ils ont d’abord constaté que la molécule TLR4, un récepteur permettant la reconnaissance de pathogènes, était exprimée en quantité anormale sur les cellules stromales mésenchymateuses issues de moelle osseuse de patients atteints du MM. De plus, cette expression était corrélée à l’évolution de la maladie chez le patient. Les chercheurs ont alors décidé d’utiliser des inhibiteurs qui permettent de bloquer la molécule TLR4 et ont constaté, d’une part chez l’humain, que les cellules cancéreuses proliféraient moins et étaient plus sensibles aux traitements de chimiothérapie conventionnels et d’autre part, dans un modèle murin atteint du MM, que la maladie était freinée. 

Protégée par une famille de brevets depuis 2016, cette nouvelle thérapie a récemment fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique « Blood Advances », valorisant ainsi le travail initié il y 10 ans et consolidant la demande de brevet afin de faciliter le transfert de technologie vers l’industrie. Désormais, l’EFS est en recherche d’un partenaire industriel afin de développer cette stratégie thérapeutique et initier la phase clinique, qui permettra à terme d’intégrer cette approche au parcours de soin des patients.

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Programme n°4 > L’étude de la prise de greffe de cellules souches pour optimiser les chances de guérison

Programme n°4 > L’étude de la prise de greffe de cellules souches pour optimiser les chances de guérison

Pour soigner les cancers du sang tels que les leucémies, la greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) – cellules fabriquées par la moelle osseuse à l’origine de toutes nos cellules sanguines – est une alternative de choix. L’objectif : remplacer la moelle osseuse malade, qui produit des cellules cancéreuses, par une moelle osseuse en bonne santé. Afin de maximiser la réussite de la greffe, un procédé appelé typage HLA est réalisé afin de s’assurer que les cellules souches du donneur soient les plus compatibles possibles avec celles du receveur et le plus souvent, les personnes issues d’une même fratrie sont plus susceptibles d’être compatibles. Après avoir reçu la greffe, les défenses immunitaires du patient sont très réduites et les cellules « naturellement tueuses » (NK ou Natural Killer) sont les premières à reconstituer le système immunitaire du patient, constituant ainsi une première ligne de défense contre les cellules leucémiques et les pathogènes.

Depuis 2005, l’équipe de recherche de Nantes dirigée par le docteur Christelle Retière consacre ses recherches à l’étude de ces cellules tueuses dans le cadre des greffes de CSH. Aujourd’hui, il apparaît que de grandes disparités liées aux individus existent dans le traitement d’un cancer. Aussi, le fait d’analyser la constitution détaillée des cellules NK permet de mieux connaître la réponse de celles-ci face à un traitement et donc de mieux sélectionner les donneurs de CSH à l’intérieur ou à l’extérieur de la cellule familiale afin d’optimiser les chances de guérison. Parmi leurs travaux, les chercheurs ont par exemple mis en lumière certaines molécules (KIR) qui composent les cellules tueuses et reconnaissent les molécules HLA et étudient également les différentes formes génétiques que peuvent prendre ces récepteurs.

Ces différents projets ont permis à l’équipe de contribuer à de nombreuses collaborations internationales et, depuis 2020, 6 publications majeures ont été diffusées au sein de revues scientifiques internationales spécialisées (Cancers, Scientific Reports, The Journal of Immunology et OncoImmunology). La greffe de CSH est le standard de traitement de la majorité des leucémies de l’adulte mais, malgré une amélioration significative en terme d’accessibilité et de toxicité de la procédure, les taux de rechute sont toujours très élevés. Ces travaux doivent aussi aider le développement de nouvelles immunothérapies basées sur les cellules NK. L’équipe développe notamment « NKirCAR », un projet collaboratif visant à armer les cellules NK d’un CAR en s’appuyant sur l’expertise des chercheurs de l’EFS de Besançon dans le domaine des cellules T-CAR et recherche, dans ce cadre, des partenaires industriels pour le développement de ce projet.

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*Source : Ministère des solidarités et de la santé  https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/article/cancer